MA BIOGRAPHIE


Je suis né dans un pays effacé des cartes, devenu chapitre clos des livres d’Histoire. J’ai franchi le seuil de la vie adulte dans une époque totalement métamorphosée. L’Union soviétique, cet immense territoire s’étendant du Japon jusqu’aux Balkans, s’est soudainement effondrée, emportant avec elle l’idéologie communiste et l’ordre social qui structuraient la vie quotidienne. Aux citoyens, on proposa de trouver par eux-mêmes de nouveaux moyens d’existence et de nouveaux idéaux.

J’ai intégré l’Institut de la création littéraire. C’était l’une des premières générations d’étudiants libres de toute sélection idéologique. Autour de moi, on croisait des punks pacifistes, des vétérans de la guerre d’Afghanistan, des esthètes, des performeurs-poètes, des habitants de la capitale comme des régions les plus reculées du pays. Ce qui nous unissait ? Sans doute, ce même besoin de se chercher, de se comprendre, et de fixer une réalité en métamorphose accélérée.

Je terminais mes études à distance après avoir déménagé à Paris. Plongé dans l’univers foisonnant du tourisme en expansion, j’ai embrassé cette nouvelle terre d’accueil avec curiosité et enthousiasme. Parcourant la France avec mes groupes de touristes, je partageais avec eux la beauté des paysages, la richesse de la culture et le souffle de l’histoire. Mais même cette terre ancienne n’échappait pas aux bouleversements : l’Europe s’unifiait, un étrange petit boîtier — un Macintosh — apparaissait sur mon bureau, et bientôt, la vie serait impensable sans téléphones portables ni internet.

Vivre en temps de grands changements, cela peut pousser à aller de l’avant sans se retourner. Et pourtant, je ressentais le besoin de comprendre le sens de ce kaléidoscope d’événements. Dans les ruelles de mon Paris bien-aimé — cette ville où le temps semble laisser son empreinte à chaque pas — je songeais aux artistes venus s’y perdre et s’y trouver. Ils vivaient modestement et consacraient leur vie tout entière à l’art. Qu’est-ce qui leur donnait la force de rester fidèles à eux-mêmes et à leurs idéaux ?

Je pensais aussi aux révolutionnaires français, nombreux à avoir vu leur vie s’achever sur les places publiques, sous le sifflement tranchant de la guillotine. Auraient-ils changé leur destin s’ils avaient su l’issue de leur combat ? Face aux châteaux et palais, je méditais sur les rois et empereurs, sur ces figures de pouvoir visibles ou d’influences obscures. Leurs drames personnels leur paraissaient-ils insignifiants face au poids de leur mission ? Dans les grandes cathédrales, je songeais aux martyrs qui offraient leur vie avec ferveur. Pour explorer ces questions, je me suis tourné vers l’histoire, la philosophie, la théologie… et bien sûr, l’art.

Devenu guide-conférencier diplômé, j’ai élargi mon univers à celui des musées. Pour moi, ils sont comme des temples dédiés à l’art, à cette science sublime qu’est la quête de l’esprit humain.

Mon enthousiasme et ma persévérance m’ont mené à fonder une agence de voyages pour une clientèle exigeante. Je devais entreprendre, je travaillais le jour et étudiais le soir — le management, l’économie, le marketing… Mon diplôme de Master en commerce international me semblait indispensable à l’époque. Peut-être parce que, enfant, mon héros était Léonard de Vinci. Si je ne pouvais inventer une machine volante, je pouvais au moins acquérir des compétences solides pour diriger une entreprise.

Dans cette même période, je me suis plongé avec passion dans les arts martiaux — Bruce Lee ayant été mon modèle de jeunesse. Par gratitude envers mes maîtres, pionniers du mouvement en France, j’ai entrepris de réaliser un documentaire sur leur parcours.  Il m’a fallu des mois pour maîtriser les techniques de tournage et de montage. Le film, modeste mais sincère, a contribué à faire connaître ces pionniers du sport français, partis affronter le monde au Championnat international de kung-fu à Taïwan en 1983. Depuis, la vidéo et la photographie sont devenues mes compagnons de route — capturant les visages, les instants et les atmosphères de mon Paris et de ses âmes créatives.

Un jour on commence à entrevoir sa voie. On comprend qu’il faut suivre ce qui nous anime profondément. Et moi, ce qui m’a toujours fasciné, c’est l’être humain, dans toute la richesse de ses expressions. Les formations en systémie et en thérapie familiale m’ont ouvert de nouvelles perspectives, en révélant l’homme comme partie intégrante d’un système social vivant. Il me fallait désormais une vision unifiée, une lentille capable d’intégrer tous les savoirs que j’avais accumulés. Cette optique, ce fut la psychologie. J’ai repris les études avec ferveur et obtenu le diplôme de psychologue.

Aujourd’hui, j’accompagne des entreprises ainsi que des clients particuliers. Au cœur de ma méthode se trouve le développement de la créativité — cette expression suprême de l’humain, qui permet d’agir, de transformer, de s’accomplir tant professionnellement que personnellement, tout en conservant son intégrité et sa santé psychique.

Et bien sûr, en aidant les autres à développer leur créativité, je n’oublie pas de cultiver la mienne. Le fruit de mes réflexions sur la nature humaine a pris la forme d’un roman, où se mêlent époque contemporaine et Moyen Âge. Une époque parfois perçue comme naïve, mais qu’on imagine empreinte d’une forme de cohérence et de sérénité absentes de nos sociétés pressées et surinformées.

Notre époque se croit supérieure grâce à ses avancées technologiques, mais elle semble aussi avoir perdu quelque chose d’essentiel qu’avaient les gens du Moyen Âge : la foi en l’harmonie de l’univers et en une mission humaine élevée. Pourtant, chaque époque a connu des événements qui contraignaient l’homme à douter et à chercher par lui-même des réponses aux éternelles questions de la justice, de l’amour, de la mort et du sens de la vie. Et chaque être humain trouve seul ses réponses. Ce fut vrai hier, cela reste vrai aujourd’hui.