La notion de « système social » peut être aisément illustrée par une métaphore culinaire : la farine, le sel, la levure et un œuf — pris séparément, ils ne sont que des ingrédients. Mais combinés, ils donnent naissance à quelque chose de tout autre : du pain, un gâteau, des crêpes. De même, une famille, un collectif professionnel ou tout autre groupe humain peut être perçu comme un système – une entité née de l’unité et de l’interaction de ses membres, bien au-delà d’un simple rassemblement d’individus.

Dans cette perspective, un groupe est considérée comme une unité dynamique, un système. On distingue ainsi les systèmes sociaux ouverts et fermés. Les premiers sont orientés vers la satisfaction des besoins et des aspirations de leurs membres ; les seconds tendent à l’auto-préservation, à la reproduction de leur propre structure, souvent au détriment de l’individu.

Dans les systèmes fermés, l’adaptation au changement est faible, les problèmes se répètent. L’ordre y repose sur le respect de règles établies de longue date et sur un contrôle. L’estime de soi des individus y est souvent mise à mal ; la communication est appauvrie, figée. Elle ne vise ni la reconnaissance de l’autre ni le dialogue authentique. Les échanges se réduisent à des interactions inadéquates : attitude servile, accusations, critiques destructrices, indifférence à la personne, absence d’encouragement. L’individu y est souvent sacrifié au profit de la survie du système. Une certaine souplesse peut subsister, mais elle résulte alors de non-dits ou de transgressions implicites des règles, rendant les résultats du fonctionnement du système aléatoires, incohérents.

À l’inverse, dans un système ouvert, les transformations sont les bienvenues. Le style relationnel est fondé sur le respect de soi et d’autrui. La communication est vivante, sincère, et l’échange d’idées est non seulement accepté mais encouragé — même au prix de débats houleux. Dans ces conditions, l’épanouissement individuel va ensemble avec le développement du groupe. La question essentielle n’est pas pourquoi quelque chose n’a pas été fait, mais comment agir ensemble pour atteindre un objectif commun.

Un exemple de système ouvert et créatif pourrait être une équipe de start-up rassemblée autour d’un projet partagé. Une famille, quant à elle, pourrait incarner un système fermé. Mais aucun système n’est entièrement ouvert ou fermé. La start-up, aussi innovante soit-elle, reste une entreprise soumise à des objectifs, une structure relationnelle et une hiérarchie. La famille, de son côté, bien qu’on ne choisisse pas sa famille, peut transcender ses conditionnements si elle se fonde sur le respect mutuel et des valeurs humaines communes.

Le comportement humain est donc déterminé à la fois par les besoins intérieurs et par l’influence du système. L’un ne va pas sans l’autre. L’individu et son environnement forment un ensemble dynamique et inséparable. Chaque être humain possède une vision du monde qui lui est propre, un vécu unique. Pourtant, notre bien-être dépend de notre capacité à interagir de manière constructive. Et pour véritablement s’accomplir, chacun a besoin de reconnaître en l’autre un être tout aussi singulier, porteur de ses besoins et représentations. C’est à ce moment que le « toi » cesse d’être un simple moyen, et que le « je » se métamorphose en un véritable « nous ».