Tout action peut être qualifiée d’activité si elle implique un effort intentionnel visant à satisfaire des besoins ou à atteindre des objectifs. Peu importe qu’il s’agisse du domaine professionnel ou de tout autre aspect de la vie. Même l’oisiveté la plus paresseuse peut être considérée comme une véritable activité dès lors qu’elle requiert un effort actif et délibéré pour ne rien faire.

Il serait logique de supposer que l’activité est nécessairement une action consciente. Pourtant, les processus inconscients accompagnent notre existence à chaque instant. Nous conduisons une voiture, nous nous brossons les dents ou marchons, tout comme nous accomplissons une foule d’autres actions sans en avoir pleinement conscience. Chercher à contrôler ou à rendre conscients ces gestes automatisés conduit souvent à la perte de ses capacités. Le traitement inconscient de l’information s’avère non seulement plus rapide, mais aussi plus efficace. L’être humain est capable de percevoir instantanément ce qui est dit, avant même d’en prendre conscience. Un immense volume d’informations est utilisé sans participation de la conscience ; les données nécessaires surgissent dans la mémoire « toutes seules », alors que, parfois, nous échouons à nous rappeler ce que nous cherchons à retrouver volontairement.

Tout acte est accompagné d’un travail intérieur actif qui permet d’anticiper les événements à venir et de trouver la meilleure issue à une situation possible. Ce processus psychique est d’une grande complexité, car les images mentales coexistent avec des pensées, des pressentiments, des états émotionnels et des réactions physiques. C’est pourquoi parfois il est si difficile d’expliquer certaines actions humaines survenues de manière « imprévisible » et qui, en apparence, n’auraient jamais dû se produire.

Par ailleurs, les conditions dans lesquelles nous agissons sont rarement idéales ; la réalité modifie constamment nos plans, nous obligeant à réfléchir et à trouver des solutions nouvelles. Ainsi, l’activité stimule la pensée, qui à son tour tente de soumettre l’activité à la conscience. Ce processus mutuel serait impensable sans un autre élément fondamental : l’interaction active avec autrui.

Toute activité réussie est le fruit d’une œuvre collective. Même lorsqu’un individu travaille seul, isolé sur une île déserte, il engage un dialogue permanent. Il ne s’agit pas seulement d’un dialogue intérieur, visant à trouver la meilleure manière d’accomplir une tâche donnée, mais aussi d’un dialogue implicite avec les autres. Un poète est inspiré par l’œuvre d’un autre poète qui l’a marqué par le passé. Un entrepreneur compare l’efficacité de sa gestion à celle de dirigeants prospères. Qu’il s’agisse d’œuvres d’art, de stratégies de vente ou de produits originaux, toute nouveauté naît de ce que d’autres ont déjà créé avant nous.

Tout dialogue, toute discussion constructive autour du « comment faire » — qu’elle soit réelle ou simulée à travers des supports audio, photo, vidéo ou des séances représentatives — permet à l’individu de se réaliser comme être conscient et créatif. Une analyse centrée sur les processus permet d’identifier et de corriger les automatismes jusque-là inconscients. Les événements vécus inconsciemment cèdent alors la place à des actes assumés. Le résultat de l’action devient secondaire face à la beauté de l’instant présent ; l’individu commence à éprouver une satisfaction profonde en vivant pleinement le moment, en affirmant et développant ses valeurs et sa vision du monde. Ainsi, la vie elle-même devient une pratique créative de connaissance de soi et de développement personnel.