Aucune tenue n’est exigée (ou presque), 4 photos

En 2016 le musée d’Orsay fêtait son trentième anniversaire. L’invitation aux festivités précisait non sans ambiguïté qu’« aucune tenue n’était exigée (ou presque)» pour y assister. Ce clin d’œil, à la fois subtil et provocateur, annonçait un bal costumé dans l’un des hauts lieux de la peinture de nus féminins.
Impossible, bien sûr, que Déborah laisse passer une telle occasion. Deux ans plus tôt, c’est déjà dans ce même musée qu’elle avait réalisé une première performance remarquée : elle avait alors exposé son sexe devant L’Origine du monde de Gustave Courbet. Son installation, aussitôt retirée par les agents du musée, lui avait valu une plainte pour exhibitionnisme.
Cette fois, l’artiste récidiviste s’était entourée de deux imposants gardes du corps et d’une véritable équipe de soutien – parmi laquelle elle m’avait convié en tant que photographe. Les membres de la troupe avaient pénétré dans le musée un à un, tandis qu’elle s’y glissait la dernière, incognito, dissimulée sous un long manteau.
Une fois à l’intérieur, elle s’était dévêtue pour ne garder sur elle qu’une toile drapée sur son corps nu. Souriant elle distribuait des tracts expliquant sa démarche : selon elle, son « œuvre artistique » installé face à l’œuvre de Courbet, ne relevait en rien de l’exhibitionnisme. Il s’agissait au contraire de revendiquer un regard neuf sur l’art. En interdisant son installation, le musée avait réduit au silence la femme-modèle, absente éternelle du cadre pictural.
Son manifeste se concluait par un appel à accorder à la femme la place qui lui revient dans la société et à reconnaître les mérites exceptionnels de cet organe fondamental, sans lequel aucun être humain n’aurait vu le jour.
Fallait-il le préciser que l’artiste a, une fois encore, passé la nuit au commissariat ?