Les Cygnes sauvages

« Nous, tes frères, dit l’aîné à Elisa, nous volons comme des cygnes sauvages tant que dure le jour, mais lorsque vient la nuit, nous reprenons notre apparence humaine, c’est pourquoi il nous faut toujours au coucher du soleil prendre soin d’avoir une terre où poser nos pieds car si nous volions à ce moment-là dans les nuages, en devenant des hommes, nous serions précipités dans l’océan profond. Nous n’habitons pas ici, de l’autre côté de l’océan existe un aussi beau pays mais le chemin pour y aller est fort long. Une fois par an seulement il nous est permis de visiter le pays de nos aïeux… ici est notre chère patrie, ici enfin nous t’avons retrouvée, toi notre petite sœur chérie. Nous ne pouvons plus rester que deux jours ici, puis il faudra nous envoler par-dessus la mer. Et comment t’emmènerons-nous ? Nous qui n’avons ni barque, ni bateau ? »

— Hans Christian Andersen, « Les cygnes sauvages ».